« we said goobye in the pourring rain... »

Elle supporta ce manège deux ans, c’est-à-dire jusqu’à ses dix huit ans, tandis que sa sœur en avait treize. Jusque là, la jeune femme n’avait jamais eu de petit ami, et n’en avait d’ailleurs jamais voulu, se sentant mal à l’aise avec eux, et étant révulsée lorsque l’un d’eux la touchait, voire la frôlait. De plus, son corps, couvert de cicatrices, et de bleus était un vrai tue l’amour. C’était mieux ainsi, vraiment. Sa mère adoptive lui offrit des vacances pour les Bahamas, pour deux semaines. Elle savait qu’elle y était née, et que cela faisait longtemps qu’elle n’y était pas allée, car, avant que son mari sombre dans l’alcool, toutes les deux aimaient discuter de temps à autre. Jamais elle n’avait oublié ça. C’était touchant, au fond. Allie ne voulut pas y aller, dans un premier temps, pour sa petite sœur, mais sa mère lui promit de veiller sur elle. Alors, elle accepta. C’est là-bas, sur cette île paradisiaque, qu’elle le rencontra, lui, celui qui fit chavirer son cœur pour la première fois. Au début, ils se tournaient autour, bien gentiment. Ils passaient pas mal de temps ensembles, à discuter de tout et de rien, à flirter légèrement de temps en temps – Alyssa n’osant pas aller plus loin, et n’étant, à l’époque, même pas sûre de le vouloir. Il était le seul à faire s’emballer son cœur de la sorte. Il était le seul à pouvoir la faire rire. Il était aussi le seul à ne pas lui poser de questions sur ses tee-shirts à manches longues alors qu’il faisait beau, et chaud. Il était le seul à ne jamais lui demander pourquoi elle ne portait pas de maillot de bain, pourquoi elle ne voulait pas aller se baigner. Mais, ce jeune homme, était surtout le premier à l’avoir embrassé, bien qu’elle se garda bien de le lui dire, à lui faire oublier ce qu’elle avait vécu jusqu’ici, à la faire sourire, et rire, pour la première fois depuis bien longtemps. Sans compter que c’était le premier que son cœur ait aimé, et surement le dernier.

Ce fut une amourette de vacances, oui. Bien qu’ils mirent près d’une semaine avant de se décider à faire le premier pas, et avant que leur premier baiser ne se passe, ils passèrent la seconde semaine ensembles, en profitant au maximum. Jamais ils n’allèrent plus loin. Jamais elle n’eut besoin de lui montrer son corps, qu’elle ne supportait pas de regarder dans une glace, et jamais il ne lui posa de question. En réalité, ce jeune homme n’avait pas posé le moindre problème. Non, tout avait été parfait. Jusqu’au dernier jour de leurs vacances. Pour commencer, une tempête tropicale apparue. Quel beau temps pour un dernier jour, n’est-ce pas ? Mais, si cela n’avait été que ça, elle l’aurait supporté sans broncher. Ils étaient à la plage tous les deux, lorsqu’il se mit à pleuvoir. Il voulut d’abord rentrer, mais elle insista pour qu’ils profitent un peu de la pluie, parce qu’elle adorait ça. Alors, il céda, c’était plus fort que lui, il ne pouvait lui résister. Elle était si belle… Et son cœur s’emballait à chaque fois qu’elle souriait, qu’elle riait, ou qu’elle se mettait à danser sous la pluie, comme maintenant. Mais, Alyssa ne s’attendit pas à ce qui allait suivre.

LUI ▬ Allie ?
ALYSSA ▬ Oui ?
LUI ▬ On s’écrira, n’est-ce pas ?
ALYSSA ▬ Mais oui ! T’inquiètes pas va !
LUI ▬ Et on se verra, hein ?
ALYSSA ▬ Oui, dit-elle en venant déposer un doux baiser sur ses lèvres.
LUI ▬ Allie ?
ALYSSA ▬ Quoi ?
LUI ▬ Je t’aime.

Ca… C’était ce qu’il ne fallait pas dire… Elle avait eut peur, tout simplement. Elle n’avait pas pensé à une relation de longue durée, même si son cœur s’emballait sans doute autant que le sien. Elle l’aimait, oui, ça elle le savait, mais… Elle n’avait jamais entendu ses mots, tout du moins, elle ne s’en souvenait pas. Alors, oui, ils lui avaient fait peur. Et comme une idiote, elle s’était figée, en fronçant les sourcils, en baissant la tête et en fermant les yeux quelques instants, tout en bougeant sa tête de droite à gauche, les mains posées sur son torse, comme si cela avait été la pire stupidité qu’il avait dite. Elle releva la tête vers lui, laissant apparaitre, des larmes couler le long de ses joues. Elle déposa ses lèvres une nouvelle fois sur les siennes, et recula, tandis qu’il était là, incrédule. Plus elle reculait, plus il comprenait… C’était comme ça que leur histoire se finirait. Allie ne rappellerait pas, elle n’écrirait pas. Ils ne se verraient pas…

« Le manque de courage n'est qu'un manque de bon sens. »

En effet, elle ne lui écrivit jamais, même si lui, le faisait. Ses lettres ? Elle les avait gardées précieusement, mais ne les avaient jamais ouvertes. C’était ce qui lui restait de chaleureux, d’heureux, et elle ne le gâcherait pas tout de suite. Elle se promit de n’en ouvrir qu’une seule dès qu’elle serait au plus mal, afin de se réchauffer le cœur. Lorsqu’elle rentra chez elle, à Oxford, Allie apprit que sa mère n’avait nullement protégée sa petite sœur. Parce que oui, le bonhomme avait osé recommencer ! Le *** ! Bien sûr, Alyssa s’en voulut d’avoir accepté ces vacances et d’être partie, la laissant entre les mains de cet homme répugnant, et ce, même si sa sœur lui répétait sans cesse que ce n’était pas sa faute. La rentrée approchait à grand pas, et la jeune femme allait entrer à l’université. Elle s’était inscrite dans la plus proche afin de pouvoir rester à la maison et veiller sur sa sœur, tout en re-proposant sans que celle-ci ne le sache, le marché qu’elle avait tantôt eut avec son « père ». Alyssa étudiait le droit. Elle voulait être avocate, afin d’aider les personnes ayant subits des traumatismes comme le sien. Elle voulait un peu de justice dans ce bas monde, même si elle continuait à subir les foudres de cet homme. Combien de temps pourrait-elle encore tenir ? Ca, elle ne le savait pas. Mais du moment qu’elle tenait encore de bout, et que son organisme ne cédait pas, elle tiendrait, pour sa sœur. C’était ça la famille, en fin de compte. Le sacrifice.

Aujourd’hui, Alyssa a vingt-trois ans, déjà. Elle étudie toujours le droit, et cette filière lui plait énormément. Allie ne s’arrête pas là, car elle a besoin d’un minimum d’argent pour payer l’appartement et les dépenses pour deux. Bien qu’elle puisse compter sur les économies et l’héritage que ses parents, Sonny et Jonah, lui ont laissé, la jeune femme est aussi serveuse. Aujourd’hui, la jeune femme habite à Middleton Hill, avec sa sœur, dont elle est devenue la tutrice légale. Aujourd’hui, elle se demande si IL se souvient toujours d’elle, car il a cessé d’écrire depuis un moment. Aujourd’hui, elle veut oublier l’enfer qui a mouvementé leurs vies respectives et tout recommencer à zéro, ou en tout cas, essayer, car elle sait que ce n’est pas aussi facile. Aujourd’hui, Allie a du mal avec les hommes. Ainsi qu’avec son corps d’ailleurs, malgré que ces blessures aient disparues. En réalité, elle pense toujours à lui. Non, elle ne l'a pas oublié, loin de là. Ses souvenirs sont intacts, et au fond d'elle, elle regrette. Elle a agit comme une idiote, mais... Parce que oui, il y a un mais, la jeune femme a toujours peur, non pas de l'amour en lui-même, mais de la vulnérabilité à laquelle celui-ci nous expose. De toute façon... Il n'est pas là. À moins que.. ?