NOM(S) & PRÉNOM(S) ৩ Embrace Maryse Maguire, anciennement Newton ÂGE ৩ 24 ans DATE & LIEU DE NAISSANCE ৩ 17 mars 1987 à New-York STATUT CIVIL ৩ Mariée MÉTIER OU ETUDES ৩ interne en chirurgie GROUPE ৩ Full of courtesy, full of craft AVATAR ৩ Katie Cassidy

ce qu'il y a de bon en moi,


optimiste


passionnée


minutieuse


organisée


cultivée



mais aussi de mauvais.

impatiente


un peu trop franche


têtue


lunatique


grossière

« give i everything »

Embrace adore lire, même si elle n’en trouve pas toujours le temps. Elle lit doucement, savoure les mots, imagine la situation, s’imbibe du personnage, de ses émotions. Elle est gauchère, ce qui lui pose parfois problème avec les droitiers. Cela dit, elle est assez ambidextre et sait écrire et utiliser ses deux mains. Elle croit aux horoscopes, et les lit chaque matin, pour voir ce que la journée lui réservera. Embrace ne mange que très peu de viande. Elle a très peur des araignées, et de tout autre insecte, rampant ou volant, et du vide. La jeune femme aime inventer une vie aux gens qu’elle croise dans la rue. Ne se sent pas super bien à Oxford, même si cela va de mieux en mieux. Elle a donc le mal du pays, et la ville de New-York, celle de son enfance, celle où elle a grandit, lui manque affreusement. Elle parle toujours de son boulot, qu’elle aime par-dessus tout, et veut à tout prix réussir son examen en fin d’année. Elle a le sang chaud et peut s’énerver très vite. Tout comme elle peut balancer une quinzaine de jurons dans une seule phrase. Elle fume, même si elle ne devrait pas. Elle aimerait cependant être capable d’arrêter. Elle a un QI supérieur à la moyenne, et adore, ce de fait, enrichir sa culture générale. Embrace n’est pas très à l’aise les soirs d’orages, et pour être franche, ça lui fou toujours un peu la trouille. A toujours froid, mais ses mains sont toujours moites. N’a absolument pas le sens de l’orientation, et se perd souvent dans les endroits qu’elle ne connait pas, et s’est déjà perdue de nombreuses fois dans Oxford, et dans Middleton Hill, là où elle vit actuellement avec Calvin, son mari. Elle dort toujours à gauche, et son premier réflexe le matin, et de regarder si elle n’a pas un message, avant d’aller aux toilettes.

« behind the screen »

PSEUDO/PRÉNOMS ৩ burning candles ÂGE ৩ 19 ans OU AS TU CONNU LE FORUM ? ৩ j'y étais avant (a)i EST-CE-QU'IL TE PLAIT ? ৩ ouep, cette version est encore mieux que la première TEMPS DE CONNEXION ৩ 5/7 jours. UN DERNIER MOT? ৩ J'ai encore aucune idée du personnage que je vais faire Oo

La jeune femme attrapa sa caméra, posée juste à côté d’elle, sur sa table de nuit. Embrace s’installa bien confortablement sur son lit, inspira et expira profondément, et mis en marche la caméra qu’elle tenait en face d’elle.

« Bonsoir, ou bonjour, mais à l’heure où j’enregistre ce film, le bonsoir est plus adapté. Je m’appelle Embrace Maryse Maguire, mais il y a encore quelques années, deux pour être exacte, on m’appelait Embrace Maryse Newton. Je suis née le 17 mars 1987, à New-York, la grande pomme, et j’ai donc 24 ans. J’ai trois frères, tous plus âgés que moi. Dans la vie, je suis interne en chirurgie, mais je souhaite me spécialiser dans la neurochirurgie, et c’est un métier qui me plait. C’est l’essentiel, me direz-vous. Bref ! Maintenant que les présentations sont faites, je tenais à expliquer la raison de ce petit film. En vérité, j’ai eu l’envie de raconter ma vie devant une caméra, sans pour autant montrer ce film. Disons que si un jour, je devais être atteinte de la maladie d’Alzheimer, au moins, cette vidéo me racontera ma vie, et me permettra de ne pas l’oublier. Ca peut paraitre stupide comme idée, mais ça m’est égal. Voilà, maintenant, tu sais tout. Alors, commençons par le commencement.

Mes parents, Maryse, qui m’a offert son prénom d’ailleurs, et William, ont toujours fait de leur mieux pour m’offrir une belle vie. Pas une vie de luxe, remplie d’argent et de mondanité. Une vie normale, mais belle, avec tout l’amour qu’on peut donner à son enfant. Je ne les remercierais jamais assez. C’est peut-être stupide, ça aussi, mais c’est vrai. Ils ont faits passer ma vie avant la leur, mes besoins avec les leurs, et mes envies aussi. Oui, je sais, c’est ça d’être parent. Mais malgré tout, je les remercie pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. On ne choisit pas sa famille, comme on dit, mais je n’aurais pu mieux rêver. J’ai eu une belle enfance. Des parents aimants, des amis, un sourire aux lèvres en permanence, des beaux moments. Rien de mieux pour s’épanouir, n’est-ce pas ? J’imagine que ça aurait été différent si l’ambiance à la maison n’avait pas été la même. Enfin bref. J’ai trois frères, tous plus âgés que moi. Oui, oui, je suis la petite dernière de la famille. Mais laisse-moi te présenter mes frères ainés. D’abord, il y a Duncan, le brillant avocat, qui a déjà fondé sa famille, et qui a déjà deux enfants, Santana et Liam, issus de son mariage avec la belle et sulfureuse Prudence, qui a une parfaite allure de mannequin. Et pour cause, la belle l’a été dans sa jeunesse. Bien sûr, maintenant, elle est femme au foyer, parce qu’avec deux enfants, sa silhouette en a quand même prix un petit coup, même si elle reste sublime. D’autant plus qu’elle a passé la trentaine, tout comme mon frère d’ailleurs. Ensuite, il y a Steven, a qui tout réussi. Il a le don de transformer ce qu’il touche en or. C’est sans doute pour ça qu’il a réussi à créer sa propre boîte de je ne sais plus trop quoi d’ailleurs. En même temps, il est super occupé, et les nouvelles de sa part se font assez rare, malheureusement. Lui aussi est marié, avec une éditrice du nom de Carla, ou quelque chose comme ça. Encore une fois, je n’en suis pas sûre. Et enfin, il y a Spencer, le dernier des mecs, avec qui je suis très proche, et ce, depuis toujours. Spence, comme je l’appelle le plus souvent, est journaliste, même s’il rêve d’être écrivain. Il a ce petit côté enfantin, même s’il a toujours la tête sur les épaules quand il le faut. Spence, il est un peu artiste dans le fond. Il touche à tout, et adore jouer d’un instrument. Enfin un, c’est vite dit. Je suis sûre que depuis la dernière fois que je l’ai vu, il s’est acheté de nouvelles guitares. Même si j’ai vécue entourée de trois frères, je ne me suis jamais sentie à l’écart. En réalité, je jouais avec eux à des jeux de mecs. Ce qui ne m’a pas empêché de développer mon côté féminin, comme tu peux le voir. En résumé, oui, j’ai eut une enfance normale. J’étais aimé et j’aimais, moi aussi. Et comme la plupart des enfants, j’ai subit des moqueries. Ce n’était pas bien méchant. Quand on est enfant, on ne réalise pas vraiment ce que les mots sont capables de provoquer. Je le vivais plutôt bien pour ma part, parce que je m’en fichais. Ce qu’ils disaient ne m’atteignaient pas. Oui, j’aimais aller à l’école, j’aimais apprendre, et j’aime toujours ça, me cultiver. Au final, je crois avoir mieux réussi ma vie qu’eux, si on peut vraiment dire que j’ai « réussi » ma vie… »

La sonnette de l’entrée retentit. La jeune femme mit la caméra en pause, se leva, et alla ouvrir. Elle ne fut pas étonnée de voir Spencer débarqué chez elle, à l’improviste, comme lui seul savait le faire. Enfin chez elle, d’ailleurs c’était vite dit, puisqu’elle n’y vivait pas seule. Mais à première vue, cela n’avait jamais vraiment dérangé Spencer puisqu’il continuait de venir quand bon lui chantait. Cela dit, elle ne lui en voulait pas le moins du monde, au contraire en fait. Il la sauvait, dans un sens. Vous comprendrez plus tard ces propos. Après une discussion longue d’une demie heure au moins, face à la question existentielle de Spencer, qui était de savoir sur quel sujet baser son futur roman, si toutefois il allait jusqu’au bout, le frère de la jeune femme s’en alla, à priori serein. Mais pour combien de temps, se demanda-t-elle. Embrace retourna finalement à son petit film, juste après avoir fumé une petite cigarette à la fenêtre de son appartement.

« Pardon, j’ai été coupée par l’arrivée d’un de mes frères, Spencer pour être plus exacte. Hum, oui, alors, où en était-je déjà ? Ah oui, ma petite enfance. Vous l’aurez donc compris, tout s’est bien passé pour moi, et je n’ai vraiment pas eu à me plaindre. En ce qui concerne mon adolescence, je n’ai pas grand-chose à ajouter. Elle n’était ni très difficile, ni totalement simple. J’ai subit des moqueries, parce que j’adorais l’école. J’adorais apprendre et travailler. Et de ce fait, j’adorais passer mon temps à la bibliothèque pour lire un livre et enrichir ma connaissance, ce que les autres n’ont apparemment pas compris. Au final, je ne regrette rien de tout ça, car aujourd’hui, je suis fière de ma culture générale. Je ne suis pas une blonde écervelée, comme certains peuvent le penser en me voyant dans la rue. Loin de là, même. En réalité, j’ai un QI plus développé que toutes ces personnes. Je n’atteins bien sûr pas celui d’Einstein, mais, c’est vrai que le mien est au dessus de la normale. Oui, je suis « surdouée », bien que je n’aime pas ce mot. C’est pour ça, entre autre, que mon passage au lycée fut quelque peu mouvementé. Cela dit, à cet âge-là, j’avais déjà un physique avantageux, ce qui m’a permis de tout de même m’intégrer, même si c’est laborieux à dire aujourd’hui. J’ai connu plus d’un garçon, en réalité. Sortir avec eux, à cette période-là de ma vie, m’a aidé à ne pas me retrouver cataloguer dans les « rats de bibliothèques ». Enfin bref. C’est au lycée que j’ai commencé à jouer de mon physique, comme vous l’aurez donc compris. Cela dit, j’étais loin d’être devenue une garce. Non, au contraire. Je restais qui j’étais, mais j’en profitais, tout simplement. D’ailleurs, en parlant de mec, c’est à ce moment que j’ai rencontré Cal, enfin Calvin, pour être exacte. Cal était beau, intelligent, sympathique. Un parfait adolescent, pour être exacte. D’ailleurs, Cal, si jamais tu visionnes ce film, repose-le TOUT DE SUITE, sinon je t’étripe ! Merci d’avance. Bref. Calvin, et moi n’avions donc pas tardé à sortir ensemble. Dans notre adolescence, Calvin et moi étions bien ensembles. On s’entendait bien, et on aimait passer du temps ensembles. Cela dit, arrive un moment où la relation se termine. Pour être honnête, je ne sais plus trop pourquoi on avait rompu à l’époque. Une broutille, j’imagine, puisque cela ne m’a pas plus marqué que cela. Toujours est-il que nous avons rompus, et que nous sommes allés voir ailleurs par la suite. Le reste de mes années d’études au lycée furent on ne peut plus banal.

Après avoir obtenu mon diplôme, et même si cette idée me trottait dans la tête depuis des années, je suis allée en faculté de médecine. La neurochirurgie, voilà ce qui me botte. En réalité, c’est peut-être parce que ma grand-mère maternelle est décédée d’une tumeur au cerveau, quand elle était jeune, et qu’à cause de cette tumeur, je n’ai pas eu la chance de la rencontrer. Enfin, bref. C’est au moment d’entrer à la fac que Calvin et moi avions vraiment perdu contact. On faisait notre vie, chacun de notre côté, à New-York. Et puis, alors qu’on avait dix-neuf ans à présent, nous nous sommes retrouvés, comme par hasard. En fin de compte, c’était peut-être le destin ? Allez savoir. Après un an sans nouvelles l’un de l’autre, on a commencé à se voir, d’abord en tant qu’ami. Et puis, au fil du temps, on s’est remis ensembles, parce qu’on était bien tous les deux, quand on était jeune, et on voulait retrouver ça. Finalement, ça c’est plutôt bien passé tout ça. Enfin nous deux. Le courant passait toujours aussi bien entre nous, peut-être même mieux à vrai dire.»

Cette fois-ci, Embrace fut obligée de mettre une nouvelle fois sa caméra sur pause, à cause du téléphone qui était en train de sonner en ce moment-même. La jeune femme courut jusqu’au salon, en essayant d’éviter tous les obstacles sur son chemin, chose qu’elle réussi avec brio. Elle décrocha rapidement, et entendit la voix de Maryse, sa mère, à l’autre bout du fil. Elle adorait toujours entendre sa voix, si rassurante, et si solennelle en même temps. La voix de sa maman l’apaisait toujours. Alors, elle oubliait tous ses soucis, tout ce qui la tracassait, la chagrinait. Bien sûr, elle n’hésitait pas à se confier à elle, mais tout semblait beaucoup plus facile alors. Elle pouvait toujours parler librement, sans retenu, sans gêne. Embrace savait qu’elle ne serait pas jugée mais soutenue, quoi qu’il arrive, et ça, ça n’avait pas de prix. Finalement, après une petite discussion de routine, où mère et fille se racontait leur quotidien, et où Embrace faisait vent de sa vie mouvementée à l’hôpital, elles raccrochèrent et retournèrent à leurs activités respectives.

« Me revoilà ! Cette fois-ci, j’ai discuté un peu avec ma maman, ce qui m’a d’ailleurs fait du bien. Calvin, je te préviens, si tu es toujours en train de visionner ce film, je te jure que je ne ferrais qu’une bouchée de toi. Arrête-toi là, où je t’assure que je de démembrerais ! Merci, encore. Bref, je disais donc qu’à dix-neuf ans, Cal et moi, nous nous sommes retrouvés, et que tout allait pour le mieux. En vérité, Calvin est le premier homme dont j’ai vraiment été amoureuse. Jusque là, je ne savais pas ce que c’était. Je flirtais. Bien sûr, je ressentais toujours un petit quelque chose pour mon partenaire, mais là, c’était totalement différent. Beaucoup plus puissant surtout. Malgré mon début d’internat, on était toujours sur la même longueur d’onde, et Cal comprenait totalement que mon emploi du temps soit surchargé, et que je ne passais parfois qu’en coup de vent à la maison. Cela n’avait jamais porté préjudice à notre couple, à l’époque. Enfin bref. Deux années passèrent, et c’est là que notre vie allait changer. Cal m’a demandé en mariage. Il avait vraiment mit les bouchées doubles pour rendre cette soirée excellente et parfaite, comme n’importe quel homme bien amoureux quand on y pense. Et c’était vraiment parfait. Le seul problème, c’est que je ne m’y attendais pas du tout, et que pour le coup, j’ai perdu tous mes moyens. Il était là, agenouillé devant moi avec un écrin, et une magnifique bague dedans, et moi, j’étais figée et sans voix, comme une poupée de cire, en fin de compte. Je n’ai su que dire, et je n’ai pas pu lui répondre. La soirée s’est bien sûr très mal terminée, et Calvin est rentré chez lui – parce que oui, il avait organisé cette petite soirée à l’improviste dans mon appartement à New-York, dont il avait les clés, pendant que je bossais à l’hôpital. Après cette fin de soirée laborieuse, je suis retournée à l’hôpital pour bosser. C’est stupide, mais j’avais besoin de me changer les idées. Ce n’était pas que je ne voulais pas l’épouser, non, loin de là. C’était juste qu’on avait vingt deux ans, et qu’on était encore très jeunes… Cela dit, ce soir-là, je suis tombée sur un cas on ne peut plus intéressant, non seulement sur le point chirurgical, mais aussi sur le point sentimental. Mme X – secret professionnel oblige, je ne peux vous révéler son nom - était une vieille femme d’âgée d’environ soixante-dix ans, et était atteinte d’un cancer de l’œsophage, métastasé. Il n’y avait plus beaucoup de chance pour elle, à vrai dire. On pouvait bien sûr tenter de l’opérer, mais les chances de survies étaient quasi nulles. Mais elle a choisit l’opération. Elle voulait essayer, parce qu’elle venait de retrouver son amour de jeunesse. Ce soir-là, elle m’a parlé, et m’a raconté que quand elle était jeune, ils étaient tous les deux très amoureux. Il lui avait demandé sa main, mais ses parents refusaient catégoriquement le jeune homme, et Mme X avait donc dû refuser, même si en réalité, elle en mourrait d’envie. Et c’était sa pire erreur. Elle l’avait regretté toute sa vie, même si entre temps, elle avait dû la refaire. Cependant, elle ne l’avait jamais oublié, cet homme qu’elle avait tant aimé. Et il y a un an à peine, tous deux se sont retrouvés. Aujourd’hui, ils veulent rattraper le temps perdu. Vous imaginez, toutes ses années sans que leur amour n’aie changé d’un pouce ? Toutes ses années qu’ils auraient pu passer ensembles, à être heureux, à s’aimer, à fonder leur famille… C’est triste. Finalement, nous l’avons opéré. Elle n’avait plus beaucoup de temps devant elle vu l’avancée du cancer, c’est pour cela que nous n’avons pas attendus très longtemps. Je n’étais encore un interne – et je le suis toujours d’ailleurs – mais, j’ai eu la chance de pouvoir assister à l’opération, et d’aider mon résident cette nuit-là, et ce, malgré une garde déjà très longue, et un manque de fatigue incroyable. Miraculeusement, cette vielle femme s’en est sortie. Un miracle médical, vraiment. Elle allait pouvoir gagner un peu de temps avec l’homme qu’elle aimait, et qu’elle avait toujours aimé. Après ce cas, je suis rentrée. J’ai réalisé, grâce à cette femme, ce que je voulais vraiment. En fait, je me suis arrêtée chez Cal, même s’il était plus de trois heures du matin. Bien sûr, je l’ai réveillé, et il a eu du mal à s’extirper du lit. Quelle ne fut pas sa surprise de me voir en face de lui ! Et c’est là que je lui ai dit oui. Bizarrement, ça l’a réveillé ça ! Enfin bref. On s’est très vite mariés, parce que j’avais envie de devenir Mme Maguire, et non plus Mrs Newton. Et puis, Dr Maguire, ça le faisait vraiment bien. Ca me bottait, comme on dit. On avait vingt deux ans, presque vingt trois en réalité, quand on s’est mariés.

Quelques mois plus tard, Calvin m’annonça qu’il voulait changer d’air, ce qui m’a surprise. On était bien à New-York, je trouvais. Mais lui voulait aller à Oxford, là où sa mère était originaire. Ca ne m’emballait pas du tout pour être franche, mais… Les compromis du mariage ont fait que je lui ai dit oui. Alors, nous sommes partis pour Oxford, l’année dernière, et avons emménagés tous les deux dans un petit appartement, non loin de sa mère. Vous voulez savoir pourquoi j’ai vraiment dit oui ? Parce que Mme Maguire est atteinte d’Alzheimer, et que cette situation n’était évidente pour personne. Peut-être qu’en voyant un peu plus souvent son fils, elle se souviendrait de lui ? Qui sait ? Enfin bref. Nous avons donc emménagé à Oxford à l’âge de vingt-trois ans. Ce qui fait précisément un an et des brouettes que nous sommes donc ici. Ca n’a pas été évident du tout pour moi, puisque je ne connaissais personne, et que j’ai débarqué pour faire ma dernière année d’internat dans une ville et surtout dans un hôpital que je ne connais pas le moins du monde et où je ne connaissais personne. Autant dire que l’intégration n’a pas été évidente du tout, mais bon… C’était comme ça. Aujourd’hui, ça va mieux, bien sûr. Je connais les habitudes de mes supérieurs. Je sais que tel résident est strict et dur avec ses internes, tandis qu’un autre est beaucoup plus cool. En ce qui concerne les titulaires, ils sont tout aussi arrogants qu’à New-York, ce qui ne m’étonne guère. Enfin bref. Nous voilà donc installés à Oxford.

Calvin, je le répète une dernière fois, parce que je te connais, et je sais que tu as continué à regarder ce film. Mais je t’en supplie, si tu m’aimes vraiment, ne continue pas. Par pitié. À tes risques et périls, parce que ce qui suit ne va absolument pas te plaire, et si j’étais toi, j’arrêterais vraiment ce film… Parce que oui, la partie qui va suivre me met toujours dans l’embarras, mais si je veux raconter toute ma vie dans ce film, je suis bien obligée de passer par là, non ? Hum… Alors, comment dire. À l’hôpital, j’ai rencontré Soul, qui est lui aussi interne. Au début, on ne s’entendait pas forcément super bien, parce que bon, on est quand même en compétition, et on est tous les deux très doués. Du coup, on se battait toujours pour les meilleurs cas. On se détestait plutôt parce qu’on s’enviait, au fond. On était jaloux de l’autre, parce que chacun de nous a un petit truc en plus. Enfin bref. Après des mois de « cohabitassions » si on peut dire ça comme ça, nous nous sommes rapprochés. Si au début, notre rapprochement était plutôt dû à ce vieux dicton qui dit qu’il faut se rapprocher de nos amis, mais encore plus de nos ennemis, les choses ne tardèrent pas à changer. Ou en tout cas, mes sentiments pour lui. Je suis passé d’une « haine », si on peut appeler à comme ça, encore une fois, à des sentiments beaucoup plus contradictoires, et surtout, interdits, vu ma situation de femme marié. Parce que oui, Soul était canon, il faut dire ce qui est. Et de surcroit intelligent. Il aimait son boulot, tout comme moi, et exerçait le même. D’un côté, je me suis toujours dis que deux médecins étaient faits pour vivre ensembles, parce qu’ils comprenaient leur mode de vie, puisqu’ils avaient le même. Aucune scène de ménage en fin de journée, en fin de compte. D’ailleurs, en ce moment, Calvin me reproche toujours de rentrer tard, ou parfois tôt, et de ne plus avoir de temps à lui accorder, ou en tout cas, de moins en moins. Et puis, deux médecins peuvent parler de leur boulot, en étant sûrs d’être écouté, et surtout compris. Quand je parle à Cal de l’hystérectomie à laquelle j’ai participé, il me regarde comme s’il venait de voir en fantôme devant lui… À force, c’est pénible. Enfin bref. Soul et moi avons commencé une sorte de jeu, pour ainsi dire. Un jeu de séduction très dangereux, et ce, même s’il sait, tout comme moi, que je suis mariée… Le problème, c’est que mes sentiments pour lui ne se résument pas à un simple jeu, un simple amusement entre internes. Non… C’est beaucoup plus fort que ça… Soul m’attire énormément, aussi bien physiquement qu’intellectuellement. Et comme les choses ne sont pas au mieux avec Calvin, en ce moment, ça ne m’aide pas… Pour être franche, avec Soul, nous nous sommes déjà embrassés plusieurs fois, et nous avons failli aller plus loin tous les deux, jusqu’à ce que la réalité ne me revienne. Je ne pouvais pas. Après tout, je suis mariée, et, rien qu’en l’embrassant, j’ai déjà trompé Calvin, à mes yeux en tout cas… Je ne sais vraiment plus quoi faire, et c’est désespérant. Bien sûr, je n’ai rien dit à mon mari… Mais je suis rongée de l’intérieur, par ses sentiments pour ces deux hommes, et je ne sais que faire…

Enfin bref. Voilà le résumé de ma vie actuellement. J’imagine que d’ici quelques années je complèterais encore ce film, ou j’en tournerais un nouveau. Si ça se trouve, d’ici là, les choses auront changées. En fait, je l’espère, parce que cette situation ne me convient pas vraiment… Bref. Je te dis donc à dans quelques années, petit film. »

Embrace coupa la caméra pour de bon, cette fois-ci, la posa à côté d’elle sur la table de nuit, et soupira un bon coup, se laissant tomber sur son lit, et plaçant un oreiller sur son visage. Elle avait envie de crier, mais rien ne sortit. Voilà ce qu’elle avait fait pour sa journée de congé, tandis que Calvin bossait. Sa vie était loin d’être simple en ce moment, tout du moins, pour elle, et à l’intérieur. Mais elle ne voulait, et de devait pas laisser paraître quoi que ce soit.