Hep ! Toi là t'es qui ?

PSEUDO/PRÉNOMS ৩ le rayon de soleil aux couleurs du kiwi ÂGE ৩ 21 ans OU AS TU CONNU LE FORUM ? ৩ sur bazzart EST-CE-QU'IL TE PLAIT ? ৩ évidemment UN DERNIER MOT? ৩ j'ai mis le temps, mais me voilà enfin *u*

« acte II. »

Sans son père, Pedro avait perdu le peu de repère qu'il possédait encore. Sa mère, distante depuis la disparition de son époux, ne lui parlait pratiquement plus. Les soirées familiales avaient disparu, ne laissant place qu'aux soirées en solitaire, dans une chambre vétuste qui lui paraissait à présent glauque et irrémédiablement inconnue. Les rares fois où sa mère l'appelait pour passer à table, Pedro n'osait pas la regarder, se contentait d'avaler ce qu'elle lui avait préparé et retournait ensuite à ses occupations. A l'école, sa distance laissait perplexe tous ses enseignants mais personne n'osait réagir. Dans ce genre d'établissement, de toute évidence, la mauvaise graine pousse partout. Doucement, Pedro découvrit avec horreur l'addiction de sa mère pour les stupéfiants, la drogue et l'alcool. Un monde qui, jusqu'à présent lui était inconnu, s'ouvrit alors devant lui. On raconte souvent que la première taf', ce n'est que pour impressionner les copains, pour Pedro, c'était avant tout pour sortir d'une torpeur dans laquelle son corps s'enlisait doucement. Tout ce qui le rendait innocent avait alors disparu, cette découverte venait de lui ouvrir une porte qu'il s'était empressé de prendre. Il n'avait alors commencé que par la fumette, pour combler un manque. Manque d'identité, manque de formation, manque de tendresse mais surtout manque de racines, manque de repères. Pouvez-vous seulement imaginer ce que représente pour un adolescent de quinze ans de vivre dans un corps qui ne lui répondait déjà plus, un corps qui sentait la mort, un corps qui ne vivait plus. Une routine amère dans laquelle, petit à petit, sa mère et lui s'enfonçaient. Elle n'était plus capable de l'élever, il n'était pas capable de l'aider. Mais ils savaient qu'au fond, ils avaient encore besoin l'un de l'autre. Terrible réalité, mais rien ne changerait plus. Je ne suis personne. ces mots tournaient en boucle dans son esprit. En cours, sur le chemin du retour, à la maison, dans son lit, partout. Il n'y avait rien qui pouvait l'aider, rien qui pouvait lui venir en aide. Dans sa tête, toute ambition, tout espoir avait déjà disparu… lorsque…

« J'ai 17 ans. Et qu'est-ce que ça peut bien fiche ? T'en veux une ? » un soir comme un autre, clope au bec, Pedro rentrait à la maison en empruntant une ruelle par laquelle il avait coutume de passer. Un soir qui n'aurait dû, en rien, changer de ses habitudes… c'était pourtant le soir où il le rencontra. Habillé de son vieux jeans troué, d'une chemise carriolée ouverte sur son torse dénudé, il soutint le regard de cet homme qui venait de l'aborder. Et pourquoi lui demandait-il s'il avait pour projet de se lancer dans le mannequinat ? Pourquoi lui s'intéressait-il aussi à ce qu'il avait vécu, ce qu'il faisait de son temps libre ? Pedro ne le comprenait pas… Pedro s'en fichait ! Et puis, par dépit plus que par envie, il accepta de prendre sa carte de visite et de lui abandonner son numéro de téléphone avant de poursuivre son chemin. Une rencontre fortuite qui, trois jours plus tard, portera ses premiers fruits. L'homme en question, il ne le savait pas encore, deviendrait son agent, son meilleur ami, par la même occasion. Trois jours plus tard, il lui fit passer ses premiers essais pour un shooting en vue d'une première page d'un magazine populaire qui publiait un article sur la jeunesse perdue de l'Amérique. Flatteuse ou pas, l'image n'avait peu d'importance, puisque brusquement Pedro pris conscience de son potentiel. Un premier shooting qui, irrémédiablement, changea l'existence du jeune adolescent. Il y avait peu, il n'était qu'un garçon perdu, un garçon qui n'attendait plus rien de demain… aujourd'hui, il était en passe de devenir mannequin, de devenir quelqu'un.

« acte III. »

Il n'avait que dix-sept ans lorsque soudainement, sa vie bascula. Exit la médiocrité, bonjour le luxe ! Mannequin à la mode, sa première page ne passa pas inaperçu et rapidement, il se fit un nom sur les podiums. Dix-sept ans, seulement, et Pedro devint la nouvel égérie d'une tonne de marques aussi influentes que connues. Douze mois plus tard, il prit connaissance des joies de la majorité, décidant alors de son propre chef de ce qu'il désirait faire de sa vie. Quittant le domicile familial pour un appartement bien plus grand et bien plus luxueux qu'il louait grâce à l'argent gagné par son nouveau travail, Pedro devint un homme neuf, mais avant toute chose, il devint quelqu'un. Les pensées sombres qui l'habitaient, il y a encore peu de temps, disparurent rapidement et ne laissèrent place qu'à une certaine complaisance, un certain narcissisme. Sa mère n'eut plus de nouvelles de lui, dès son départ, et mourra peu de temps après de chagrin, de solitude. Ses obsèques eurent lieu dans la médiocrité, malgré les moyens de Pedro qui, à cause d'un shooting à l'étranger, ne put même pas y assister. Indépendant, seul, il s'acharna à construire de ses mains salies par un passé trop lourd un avenir serein, baigné dans la lumière luxueuse de l'or et de l'argent. Mais à dix-huit ans, on n'est jamais suffisamment mature pour bâtir un empire. Trop fragile pour ce monde, Pedro subira, lui aussi, les addictions propres à sa branche. Drogue, sexe et alcool, il ne se refuse plus rien. A vingt ans, il se vantait d'avoir déjà tout connu. Tolérance, ouverture d'esprit, son caractère curieux et candide le pousse à gouter à tout, à toucher à tout. De la cokaïne et l'arsenic, il n'y avait qu'un pas, un pas qu'il franchira sans peine. Bisexuel, il raconte à qui veut l'entendre le petit palmarès de ses conquêtes et ne s'en cache pas. Sa notoriété fera de lui quelqu'un d'influant, de connu. C'est à ce moment-là qu'il découvre que plus rien n'a d'emprise sur lui. Mais malgré son assurance et son agressivité flagrante, il reste cet enfant abandonné qui traîne derrière lui un lourd bagage. Les cauchemars ne s'arrêtent pas lorsque votre compte en banque se remplit, au contraire. La solitude le gagne, son seul exutoire ; l'excès. Drogue, alcool et sexe, plus il "devient célèbre", plus il se détruit. Il y a dans sa tête cette voix insupportable qui lui rappelle chaque jour d'où il vient, qui il était. Cherchant à la renier, il se force à boire, se force à suivre la mode et la tendance. Coma éthylique, overdose, il frôle la mort à plusieurs reprises et, alors que son agent lui demande de se reprendre en main, Pedro n'a de cesse de recommencer. Se perdant dans ce monde qu'il n'a jamais connu et pour lequel il n'était pas préparé, le jeune mannequin frôle la mort une fois de trop, le soir de ses vingt et un ans.

Lorsqu'il se réveille, quelques jours plus tard, à l'hôpital, il apprend avec horreur qu'on ne lui fait plus confiance, qu'on ne veut plus de lui. Désillusion énorme, Pedro réalise enfin l'ampleur des dégâts qu'il a causés. Mais il est trop tard pour s'excuser, pour se rattraper. A vingt et un ans tout juste, il se retrouve au même point qu'à ses onze ans ; face à l'inconnu, il se replie, se referme. Son agent lui propose un marché auquel Pedro ne pourra que se plier… une cure de désintoxication. Ravalant sa fierté, faisant face à l'affront apporté par les journalistes, il plie bagage et abandonne son duplexe pour une maison dans laquelle il espère reprendre le droit chemin. Deux longues années pendant lesquelles il se découvre différent. Deux longues années qui lui auront servies à expié les fantômes qui le terrassaient à chaque fois, ces fantômes qui le hantaient. Lorsque l'on monte trop haut, trop vite, la chute est souvent courte mais violente. Ebranlé dans ses convictions, le jeune mannequin ne sait plus qui il est ni où est sa place. Perdu, il prendra le temps de sa réhabilitation pour reprendre pied. Lorsqu'il en sortira, deux ans plus tard, le jeune mannequin sera complètement clean, mais toujours instable.

« acte IV. »

A peine après avoir remis le pied à l'étrier, Pedro flanche à nouveau. Les tentations sont partout, les tentations sont trop fortes. Dans son carnet d'adresse, que des mannequins aux addictions ravageuses. Changeant du tout au tout, il reprend le chemin des castings. Mais là encore, la désillusion est trop forte. Après un pareil scandale, on peine à lui accorder confiance et bénéfice du doute, on peine à lui offrir des opportunités et doucement, Pedro réalise qu'il est à nouveau… personne ! En proie à un doute colossal, il reprend goût aux soirées mondaines et aux excès. Mais cette fois-ci, son agent veille, son agent le soutien. Alors que Pedro planche gentiment à retrouver celui qu'il était ; sans peur, sans reproche et complètement accro aux stupéfiants, son agent décide de lui lancer un ultimatum. Un choix cornélien s'imposera à lui, une gifle comme rarement il en avait prise. Sa carrière ou ses addictions ! Il faut savoir que lorsqu'on est dans un état semi-comateux constant et que la seule chose qui nous permet de nous sentir "en vie" sont aussi celles qui, doucement, nous tuent… le choix n'est pas toujours évident. Entre carrière et habitude, Pedro finira par trancher. Il a besoin de retrouver sa notoriété, besoin de se sentir à nouveau "quelqu'un", au risque de subir à nouveau l'échec des castings. La tornade Ramirez n'a jamais su être complètement arrêtée, mais face à ce choix qu'on lui impose, il décide de tenter le tout pour le tout.

« Middleton Hill ? T'es sérieux ? Tu veux pas non plus m'envoyer directement dans un couvent pendant que t'y es ? » la sanction était tombé. Pour ne plus subir la tentation de ses anciens démons, Pedro devait déménager, dans un endroit plus tranquille, plus serein, où il pourrait se reconstruire doucement, redorer son image. « Et c'est quoi l'plan ? J'm'habille avec du tweed, je mets des pantalons en velours côtelés, je fais quelque muffins et je tonds ma pelouse ? Tu veux pas non plus que j'abandonne mes c**illes ici par la même occasion ? » pourtant, il n'avait plus le choix. Son départ était programmé à ce soir, ses valises étaient faites et un taxi l'attendait en bas de l'immeuble. Il était temps pour lui de reprendre doucement goût à la vie et pour se faire, rien de mieux qu'un quartier résidentiel dans lequel il aurait tout le temps de se reconstruire. Là-bas, on lui avait acheté une maison, tout ce qu'il avait à faire, c'était prouvé à son agent et à la maison qui l'employait qu'il était capable de mener une vie sereine et loin de tous les excès, une vie de citoyenneté modèle pour qu'ils lui accordent cette confiance qu'ils ont perdu ! Oui, c'était la seule chose qui lui restait à faire… Et couché sur du papier, ça paraissait bien plus simple que ça n'en avait l'air. Pourtant, à peine Pedro se retrouva seul dans cette grande maison que la tentation se fit violence… La solitude risquait bien d'avoir raison de lui, encore une fois. Et si son cas était vraiment désespéré ?