Austin est né à –tenez vous bien- Middleton Hill. La banlieue, c’est tout ce qu’il a toujours connu. Certains rêvent de capitales, de mégalopoles, de Londres, Paris et New York ; Austin lui ne rêve de rien d’autre que sa petite vie tranquille à Middleton Hill et Oxford. C’est comme ça, Middleton Hill est tout ce qu’il a toujours connu, c’est chez lui, et il ne quitterait le coin pour rien au monde ! Austin est le dernier né d’une famille nombreuse. Et avec quatre frères et sœurs à la maison, on peut dire qu’il a toujours été très entouré dès son plus jeune âge. C’est d’ailleurs cette vie de famille nombreuse qui lui a très tôt appris à être égoïste : l’enfant a rapidement réalisé que s’il ne se servait pas en premier dans le bocal à bonbons, il n’en resterait pas pour lui à la fin. Austin a d’ailleurs gardé ce comportement étrange consistant à se servir toujours en premier, ce qui ne l’aide pas forcément en société ! Son enfance reste pourtant particulièrement heureuse : si sa famille est loin de faire partie des plus aisées, il ne manque de rien et se fait des tonnes d’amis. Le fait d’avoir des frères et sœurs bien plus âgés l’aide aussi à murir bien plus vite.

Au lycée, Austin n’est pas un élève comme les autres. Pas au niveau scolaire en soit : il est loin d’être un génie, et il faut bien avouer qu’il s’en fout un peu, en fait. L’adolescent glande beaucoup et fiche le strict minimum pour qu’on lui foute la paix. Non, si cette période de sa vie est intéressante, c’est plutôt parce que c’est un gamin extrêmement populaire. Et pour cause, il a bien changé ! La puberté est passée par là et l’enfant est devenu un beau jeune homme au visage d’ange, et au corps en plein développement. Grand sportif, il n’a pas de mal à se forger très rapidement un corps dont il est très fier. Et puis, son statut de capitaine de l’équipe de foot du bahut le rend très apprécié dans tout l’établissement. A tel point que l’adolescent en devient un véritable serial lover, changeant de copine comme de chemise. Dans cette effervescence continue, Austin ne connaît la stabilité qu’après de son meilleur Luke, qui l’accompagne depuis sa plus tendre enfance. Ces deux là sont aussi proches que des frères et font les quatre cents coups ensemble. C’est d’ailleurs souvent Luke qui entraine Austin dans ses combines les plus folles, sans que l’autre ne discute jamais de ses initiatives. Il faut qu’à cette époque, notre jeune Austin était étrangement fasciné par Luke. Une journée sans Luke était une journée noire et ennuyeuse, une journée avec Luke était la meilleure de sa vie, l’une détrônant la précédente et ainsi de suite. Au point d’en avoir des papillons dans le ventre à la simple vue du jeune homme. Cette affection s’était en effet peu à peu transformée en véritable attirance, et de cette attirance était né le désir. Si Austin était entré en déni de ce qu’il ressentait pour Luke (sa famille n’était pas très ouverte d’esprit et, s’il ne les avait jamais entendu condamner l’homosexualité, c’était comme un consensus silencieux), ses rêves étaient néanmoins là pour le lui rappeler. Le jeune homme ne comptait plus les fois où il se réveillait en gémissant après de fabuleux ébats virils. Le jeune homme était perdu, en pleine crise d’identité, mais n’en parla jamais à personne. Il préféra nier ses sentiments et continuer à jouer le jeu des apparences, papillonnant d’une fille à une autre, conservant sa réputation de Dom Juan.

Toutes les bonnes choses ont une fin ; le lycée n’échappe pas à cette règle universelle. Si Austin était un véritable prince dans cet environnement, il se retrouve du jour au lendemain sans royaume sur lequel régner. Comme pour l’achever, Luke déménage. Le père de son ami est muté à Londres, et Austin profitera de ce départ pour couper les ponts avec le jeune homme, persuadé que cela fera cesser ses rêves inavouables et ô combien perturbants. Son avenir est également des plus incertains. Que faire de sa vie, maintenant ? Le jeune homme sait qu’il n’a pas les capacités pour faire des études supérieures – obtenir son diplôme fut déjà un supplice, hors de question de remettre ça ! Que lui reste-t-il alors ? Son jeu de jambes et sa belle gueule, pas plus. N’ayant pas été sélectionné par les clubs professionnels de la région, la deuxième option semble s’imposer d’elle même. Notre petit Graham tente donc de percer en tant que mannequin. Il faut bien avouer qu’il a un physique de rêve ; mais des mecs comme lui, le monde en regorge. Il traverse alors des années de galère, à se trainer de contrats en contrats, le tout pour des sous-marques locales qui le payent une misère. Il réalise ainsi rapidement qu’il lui faut un véritable job pour pouvoir payer ses factures, et devient coach personnel. C’est loin d’être le boulot rêvé (étirer des petites vieilles à longueur de journée l’attirant moyennement), mais au moins, il n’a besoin d’aucune qualification ! En parallèle, sa vie amoureuse suit son cours. Austin est bien moins séducteur que par le passé et semble s’être casé pour de bon avec Jenny, la sœur d’un de ses amis. Ce n’est pas le coup de foudre mais au moins, ils s’entendent à merveille. Au lit, ce n’est pas tout à fait ça – mais à vrai dire, avec Austin, le sexe ça n’a jamais été tout à fait ça de toute façon. Jenny ne semble pas s’en plaindre plus que ça, alors ce n’est pas un problème. Et puis, il y a cette rencontre, qui bouleverse de nouveau toute sa vie. Un nouvel homme, qui fait ressurgir les fantômes de son passé… Nait rapidement une attirance sans précédent, rapidement enfouie sous une épaisse couche de déni. N’importe qui d’autre aurait réalisé son homosexualité à ce moment, mais pas Austin, qui refuse encore et toujours de faire face à sa crise identitaire. Et advienne que pourra !