Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort, comme on dit. Oui, c’est ça… Et souffrir est bon pour la santé aussi ? N’importe quoi… Ce qui n’avait pas tué Alyssa l’avait rendue on ne peut plus fragile, vulnérable, et l’avait surtout brisée en mille morceaux, qu’elle avait toujours du mal à recoller d’ailleurs. En même temps, ce genre de blessure ne guérissait pas en deux mois, ni même deux ans… C’était plutôt du genre à vous suivre toute une vie. Parce que l’oubli était catégoriquement impossible. Il fallait se contenter de faire avec, ce qui était pire que tout, et on ne peut plus difficile. Trouver moi une seule chose de plus compliquée que ça… Ce genre de mésaventure avait le don de vous changer. Allie était déjà réservée après avoir perdu ses parents, trop petite pour se rendre vraiment compte de la situation, mais les actes de son père adoptif l’avait anéanti à ce moment. Pourtant, elle avait du se battre, et encaisser, se retrouvant totalement impuissante. Elle l’avait même voulu, pour protéger Lennon qui n’avait pas à vivre un tel enfer, elle aussi. Une seule était déjà trop… Un tel passé ne pouvait que vous hantez, jours après jours, nuits après nuits, sans cesse et toujours avec la même intensité, sans jamais, ô grand jamais relâché la pression, malheureusement. Alors non, ce qui ne vous tuait pas ne vous rendait pas plus fort. La preuve, Alyssa avait même peur de dormir maintenant, bien que cet homme ne soit pas là, elle ne pouvait s’empêcher d’être effrayée à l’idée de s’endormir et de cauchemarder de lui. A chaque fois, elle faisait le même cauchemar. Elle revoyait son visage, qu’elle tentait en vain depuis des années d’oublier. Malgré ces vingt trois ans, Allie devenait chaque soir une petite fille ayant peur de dormir dans le noir…

Cette nuit là n’échappa pas à la règle. Elle s’était couchée et avait fixé le plafond, en attendant le sommeil, et en repensant à ce qu’elle avait vécu, se retournant d’un côté à l’autre sans arrêt. Finalement, elle abandonna l’idée de dormir en voyant sont réveil afficher quatre heures. Après tout, si elle n’avait pas réussi à s’endormir en restant cinq heures dans son lit, ce n’était pas la peine d’insister. Alyssa se leva alors, en prenant le livre qu’elle lisait actuellement posé sur sa table de chevet, et se dirigea au salon sans bruit, pour ne pas réveiller Lennon. Alyssa posa le livre sur la table basse du salon et alla rapidement se faire un chocolat chaud. Elle avait horreur du café, et prenait toujours des chocolats chaud, peu importe la saison. Une fois celui-ci prêt, elle s’installa sur le canapé, et continua sa lecture là où elle s’était arrêtée là dernière fois. Quand elle lisait, elle avait l’impression d’être quelqu’un d’autre. Elle oubliait alors qui elle était, et elle oubliait surtout sa vie, pour s’en refaire une nouvelle, le temps de quelques heures. Cela lui faisait toujours beaucoup de bien de pouvoir s’évader, grâce à de simples mots. Le temps passait alors à une vitesse ahurissante. C’est ainsi que la jeune femme de très longues heures à lire, remarquant à peine Lennon. Celle-ci connaissait sa sœur, et ne lui en voulait pas, tout du moins, elle l’espérait. Parce que quand Allie lisait, plus rien autour n’existait. Un bruit retentit. Étonnamment, elle l’entendit, celui-là, ou le reconnu, plutôt. Ca, c’était la petite chansonnette de son portable qu’elle avait attribuée à Sasha. Après avoir finit sa phrase, et placé son marque page dans son livre, la jeune femme réussi tant bien que mal à revenir sur terre et lui son message, auquel elle répondit par l’affirmative. Oui, elle viendrait au parc. D’ici quelques minutes elle serait là. Alyssa s’empressa de se lever, et alla embrasser sa sœur sur la joue en lui disant bonjour – deux heures après, littéralement. La jeune femme attrapa une pomme et prévint Lennon qu’elle sortait, tout en lui souhaitant une bonne journée. Allie sortit et héla un taxi pour l’emmener au parc en un rien de temps.

Une fois à destination, elle le remercia, et paya la course. A peine sortie, elle alluma une cigarette. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas fumé. De nombreuses heures sans sa nicotine et elle devenait vraiment désagréable, chose dont elle avait elle-même horreur. En parcourant le parc, vêtue d’un jean et d’un tee shirt à manches longues, assortis à des talons rouges, la jeune femme cherchait Sasha des yeux, tout en tirant de temps à autres sur sa cigarette, avant de sortir de son sac à main, un petit cendrier de poche. Oui, ce genre de choses existait, et elle avait horreur de jeter ses mégots par terre. Quelques minutes plus tard, elle vit Sasha sur un banc, et la rejoignit en souriant. Alyssa ne connaissait pas le langage des signes, et avait en réalité très peu de temps pour l’apprendre en ce moment. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas, loin de là, mais, ses études de droit lui prenaient énormément de temps… Du coup, elle parlait doucement pour que Sasha essaye de lire sur ses lèvres, ou essayait de retranscrire dans son regard, dans ses gestes et ses mimiques, ce qu’elle voulait dire. Sa façon de lui dire bonjour, en l’occurrence était de lui offrir le plus beaux de ses sourires. En arrivant à sa hauteur, elle s’installa à ses côtés, et lui fit une bise. En sa compagnie, Alyssa se sentait toujours mieux. Sasha l’apaisait, la rendait beaucoup plus sereine, et ça lui faisait énormément de bien.

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